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October 16, 2017

Qu’il s’agisse des droits des travailleuses et travailleurs, des conditions de travail, des droits de la personne ou de la justice sociale, les lois sont modifiées si la population fait preuve de solidarité.  Aujourd’hui, les syndicats luttent légalement pour les droits des travailleuses et travailleurs et la qualité des emplois.

En avril 1872, des imprimeurs syndiqués faisant la grève pour demander une journée de travail de neuf heures ont été arrêtés à Toronto, puis emprisonnés.  Ils demandaient que le nombre d’heures travaillées par jour soit réduit à 9 heures alors que certains travailleurs devaient travailler jusqu’à 12 heures par jour.  Les imprimeurs ont défilé en compagnie de partisans syndicaux à Queen’s Park où une foule de 10 000 personnes s’était réunie pour les encourager. Le lendemain, les employeurs, dirigés par le libéral George Brown du Globe, ont fait arrêter les 24 responsables de la grève, lesquels ont été accusés de complot criminel.  Il était possible pour eux de le faire puisqu’il était illégal pour les travailleurs d’utiliser leur action collective en tant que membres d’un syndicat pour faire la grève.

Tirant parti du délire politique du geste de George Brown et de l’indignation croissante, le premier ministre conservateur Sir John A. Macdonald a déposé et fait adopter la Loi sur les syndicats ouvriers, rendant légale l’adhésion syndicale. Il a aussi affaibli les efforts de George Brown en écartant l’accusation de « complot criminel » pesant contre les membres du syndicat pour avoir fait la grève.

Manœuvre politique éhontée, elle a permis à John A. Macdonald d’obtenir un important soutien à l’approche de l’élection fédérale. À Ottawa, des syndiqués ont marché jusqu’à la résidence du premier ministre pour célébrer le geste et ont fait défiler ce dernier dans les rues sous la lumière de flambeaux. Alors que ce geste a donné le droit aux travailleuses et travailleurs d’adhérer à un syndicat, il faut noter que le gouvernement Macdonald a fait adopter simultanément une autre loi rendant le piquetage illégal.

Dans les années qui ont suivi cette « grande première », les syndicats ont réalisé que les gouvernements pouvaient abolir leurs droits aussi facilement qu’ils pouvaient les leur accorder. Les grèves légales, dont la liberté de tenir des réunions syndicales, étaient déclarées des actes criminels selon le bon vouloir des gouvernements.

Aujourd’hui, le droit d’appartenir à un syndicat et le droit de grève sont protégés par la Charte des droits et libertés en tant que droits fondamentaux. Les syndicats du Canada ont obtenu ces droits après des années de lutte et d’arguments juridiques devant le remaniement de la loi sur le retour au travail et des conventions collectives par le biais de mesures législatives.